vendredi 9 août 2013

La maison au bord de l'étang.




Une maison au bord d'un étang. Quatre jours, sans télé, ni wi-fi. Une piscine, des canards, des chèvres, des meules de foin, et un blond cendré, beau comme un chanteur de variété, qui me promet des courgettes au chèvre chaud depuis deux jours. Il sait me parler.

Ce serait vous mentir que de dire que j'étais totale relax à cette idée de vacances isolés. Ce n'est pourtant pas la première fois que nous quittons Paris pour nous retrouver. Et notre dernier weekend en amoureux nous avait rapprochés. Mais j'commence à le connaître, mon ours. C'est un solitaire ascendant vieux célib. On a toujours mis un point d'honneur à se séparer au bout de deux nuits, et nous n'étions pas ensembles depuis assez longtemps pour que l'autre soit une présence évidente.

Notez que je parle à l'imparfait.

Comprenez-moi: Ma dernière longue relation a transformé l'homme que j'aimais en colocataire mutique. J'adorais Citrus Fresh, mais rester seule avec lui quelques jours coupés du monde aurait débouché sur une double dépression. J'arrivais déjà à angoisser seule avec lui dans un quartier avec deux cinémas, trente restos et un centre commercial. D'ailleurs en deux ans, on a jamais quitté Paris plus d'une soirée.

Et puis on m'a teeeeeellement répété que les vacances à deux étaient "un premier test de compatibilité, c'est même comme ça que Pierre et Manu ont compris qu'ils étaient pas fait l'un pour l'autre et gnagnagna ». Non, vraiment, Lundi, matin, dans le train, j'étais pas sereine.

Mais c'était plus fort que nous. Deux secondes après que le train ai démarré, nous étions sur notre planète:
-Eh... Y a Ashton Kutcher dans le train
-Mais tu dis NA-WAK! C'est Justin Bieber...
-Oh mon dieu... Justin Kutcher est dans notre train!....
Une fois arrivés, en visitant notre maisonnette, je souriais face au barbecue

-Eh! On pourrait faire connaissance avec d'autres personnes paumées comme nous et faire des grillades!
-Ouais, non, je sais pas... Tu me suffit, m'a-t-il dit.
-Ah, heu... Oh, c'est mignon... Toi t'as envie d'une...
-NON, je ne dis pas ça en vue d'obtenir une faveur sexuelle.
-Ok. Faut que j'arrête de faire tout le temps les mêmes blagues.

On a défait les valises, inspectés les lieux, fait pipi dans les coins et coucou aux canards. Et je cherchais désespérément une distraction pour la soirée.


Mais sombre dinde, j'ai passé toute la journée à redouter une solitude qui s'était installée depuis déjà des heures.

Nous étions là, assis sur cette terrasse à parler métaphysique avec les yeux rivés sur l'étang. L'air serein, la verve vive, nous ressemblions à un film américain indépendant. C'est le moment que nous avons choisi pour évoquer à demi-mots ce qui nous unit.
Et c'est drôle parce que, quelques heures, plus tard, je vous écris du canapé. Il remue une casserole pleine de courgettes à quelques mètres de moi:
-J'aime bien, sentir ta présence pendant que je vaque à mes occupations, me dit-il. T'es là, près de moi, tu fais un truc et je fais un autre truc et c'est bien.
-Parce que j'arrive à me suffire à moi-même et que tu te dis que tu devras pas toujours me distraire?
-Nan. Juste, parce que t'es là. Près de moi. C'est bien.
J'ai souri. Mon barbu me laisse lentement mais surement intégrer son décor.
Et puis j'ai fini par lâcher prise et accepter de ne rien faire. Avec lui. Et j'ai compris ce qu'il voulait dire. J'ai accepté de m'asseoir au bord de l'eau, écouter les animaux, commenter avec lui, s'inventer des histoires ou les cannes seraient des biatchs et ou les mouettes essaieraient de pécho (OUI, y avait des oiseaux blancs et des becs noirs qui survolaient l'étang. On sait toujours pas ce que c'était...).

J'ai commencé à respirer, et cette chose magique, est arrivée. qui fait que le quotidien, même sans artifice, devient Funky. Cette familiarité, qui nous fait transformer une épluchure de courgette en sketch. On a fait le tour de toutes les conversations profondes de la création et ensemble, tout ce qui nous passe par la tête termine sur nos lèvres. Et quand les distractions, le travail, les copains disparaissent, il ne restent plus que deux caractères compatibles, face à face, avec aucun autre choix que de composer. Et on compose plutôt bien...

Trois jours, une vingtaine de chèvres, trois épisodes de "Psycho-Pass », et,une dizaine de moments Nutella plus tard,je n'en suis plus là.

Parce que monmekamoi est capable de passer quatre jours collé à moi H24 sans avoir envie de m'étriper et ça, c'est du super-pouvoir. Je ne suis pas dans les autres couples et je sais pas ce qu'ils partagent. Mais nos blagues, nos discussions, cette proximité, c'est de l'or. C'est précieux, et c'est pas si facile à trouver.

En faite, la seule chose qui pourrait aujourd'hui nous séparer, serait que lui ne s'en rende pas compte.


3 commentaires:

  1. C'est exactement ce que je souhaite à toutes mes copines. Et comme toi, t'es ma copine, et ben je suis super contente pour toi <3

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  2. Puis je me permettre de te faire partager mon opinion sur ce papier. Après tout, comme tu donnes ton avis de femme sur les femmes (à juste titre d'ailleurs), je pense pouvoir donner mon opinion d'homme sur ceux ci.

    J'ai le sentiment que tu ne resteras pas toute ta vie avec cet homme.

    Peut être n'est ce pas ton souhait d'ailleurs, mais je ne me ferais pas trop d'illusions sur le sort de cette relation. La rupture viendra surement de sa part même.

    Voila comment j'analyse la phrase "T'es là, près de moi, tu fais un truc et je fais un autre truc et c'est bien."

    M'est d'avis que ce garçon veut te dire qu'il apprécie que tu sois pas tout le temps dans ses baskets ET IL VOUDRAIT QUE CA LE RESTE. Il te dit ça pour que tu te rendes compte que c'est bien que tu ne fasses pas la même activité que lui. Il cherche donc ton consentement à demander - plus de - liberté. Il veut que tu te fasses à l'idée que ça serait bien que ça répète plusieurs fois.
    Ceci est d'autant plus appuyé par son caractère de, je cite "Mon ours : C'est un solitaire ascendant vieux célib". Et qui ne me semble pas forcément en adéquation avec le tien (beaucoup plus bavarde).
    Voila, je pense que ton mec essaye pendant qu'il est encore temps de te sensibiliser à son désir d'indépendance (propre à beaucoup d'hommes).

    Je n'ai aucune envie de te miner ta relation (bien au contraire, je te la souhaite heureuse et prospère), je te donne simplement mon avis qui m'est instantanément venu à l'esprit au moment où j'ai lu cette phrase. Et c'est un schéma que je connais pour l'avoir vécu personnellement et par le biais d'ami masculin.

    Bisous.

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    1. C'est bizarre mais nous, nous sommes arrivés à l'exacte conclusion inverse de la tienne: Cette soirée-là, assis sur un banc au bord de l'étang, il m'a dit, je cite "plus je passe du temps avec toi, plus j'apprécie ta compagnie..."

      Tu sais, quand on vit avec quelqu'un il est normal que certains soir, l'on fasse des choses différentes, mais proches l'un de l'autre! ça nous permet de ponctuer nos activités par de la conversation. On ne peut pas vivre à deux et perpétuellement se parler tout le temps! Et moi même, ça me plomberait, je suis moi-même indépendante. J'ai au moins autant envie de respirer que lui. Je ne pose pas de mots définitif sur notre relation parce qu'on est ensemble depuis peu de temps. Mais nous sommes rentrés soudés des cette escapade et c'est même lui qui a demandé de passer une soirée supplémentaire ensembles en rentrant à Paris... Et si l'on doit se séparer, eh bien, la vie continue :)

      Mais pour ce qui est du bavardage, crois moi, quand on est tous les deux, c'est pas forcément moi qui parle le plus (pas plus tard qu'aujourd'hui j'ai du râler "je peux en placer une, oui?!"). Alors je suis sereine et je profite de ce qu'on s'apporte, de l'amour qu'on partage, des petits plats qu'il me mitonne etc...

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