jeudi 19 juillet 2012

Arrète ton char, petite b...


Cette anecdote c’est produite il y a deux jours.

RER, ligne D, entre Vigneux et Le Vert De Maison.  La rame est remplie, mais pas trop. Plus tard je me rendrais compte que nous n’étions que deux femmes dans notre wagon. De  l’autre côté du couloir central, des sièges. Une mère, son fils et ce qui semble être le père du petit.
J’ai la très fâcheuse manie de dévisager les gens. Sans forcément me rendre compte  que je le fais. C’est comme ça, mes yeux sont indiscrets malgré moi. Et ce que j’ai vu m’a glacé le sang.
Le père de famille houspille sa femme en turc. Son ton est sec. Mais il parle doucement pour ne pas créer d’esclandre. Sa femme est terrifiée.

Il lui donne un coup de pied. Les yeux de cette pauvre femme s’écarquillent. Elle proteste à mi-voix.  Il lui  répond par un second coup de pied. Le visage de cette ordure transpire la haine. Sa mâchoire est crispée, ses yeux brulent.  Je ne sais pas ce qu’il dit à cette pauvre femme, mais je me doute que ce ne sont pas des mots bleus.
Je lis la peur sur le visage de son épouse. Le petit garçon vient se coller à sa mère.  L’homme donne un troisième coup de pied.

J’ai alors pris une voix très grave.  Une voix que je ne me connaissais pas.  Une voix sortie toute droit du « quartier sensible» dans lequel j’ai grandi, et que je serais incapable de reproduire sur commande. Et j’ai crié :
-Ho ! T’arrêtes tout de suite ou j’appelle les flics !  
Il suspend son geste et se tourne vers moi. J’ai eu peur qu’il s’en prenne à moi. Je me prépare à attraper mon escarpin à talon haut pour me défendre s’il le fait. Et je poursuis :
-Ce que tu fais ne se fait pas ! Ni dehors, ni à la maison !
Tout le monde me regarde dans la rame. Je réponds à leurs interrogations en criant encore plus fort:
-Il la FRAPPE ! Il lui donne des COUPS ! Et je t’assure que si j’en revois encore un, j’appelle la police !
-Ok, ok…
L’indélicat range son pied. C’est définitivement une petite bite.

 Son épouse se décale d’un siège avec son fils sur les genoux.  J’ai passé le reste de mon trajet à fixer le mari violent avec un air de psychopathe.  Je ne devais pas avoir l’air très net….
Ce qui me révolte le plus, c’est qu’une fois redescendue du train, il a sans doute pu poursuivre son terrorisme domestique en tout impunité, je ne compte pas sur les autres passagers du train pour l’avoir maintenu en respect. Et je n’ose imaginer ce que cette femme vit chez elle. 

Cela fait six mois que je travaille avec Femmes pour leDire, Femmes pour Agir, une association qui lutte aux cotés des femmes handicapées. Cette collaboration m’a donné accès à des chiffres qui font froid dans le dos. 30% des femmes subissent des violences sexistes de toutes natures. Et une femme sur dix a pour bourreau son propre conjoint.  Multipliez ces chiffres par deux lorsque la femme présente un handicap.  Oui, par deux. Parce que c’est la faiblesse qui crée l’opportunité.

Les hommes qui s’en prennent à leurs femmes ne sont pas des hommes. Ce sont les mêmes qui s’écrasent face à un gus plus costaud qu’eux. Ou une jeune fille qu’ils dépassent d’une tête mais en mesure de porter plainte.

La principale arme de ces hommes-là n’est pas le poing, c’est le silence.  Le silence des femmes battues sur leur condition, le silence des spectateurs qui estiment que ça ne les regarde pas.  Mais un homme bat sa femme parce qu’il n’a pas les couilles de battre ceux ou celles qui ne sont pas sous son joug. Tout le monde a par conséquent la possibilité d’agir.

Alors, si vous avez un doute sur un membre de votre entourage, ou si vous subissez des violences, parlez ! Parlez, bordel parlez ! C’est la seule chose qui puisse vous sauver ! Aucune pression ne tient bon lorsque l’oppression est mise au grand jour. 

Faites passer le message, dupliquez ce texte si vous le pouvez. J’écris ce texte avec des spasmes de rage.  J’aurais tellement aimé pouvoir m’adresser directement à cette pauvre femme, l’inciter à porter plainte. Je fais ce que je peux avec mes petits moyens.

Alors voilà, ce témoignage a  pour vocation de prouver une chose : Le meilleur moyen de faire cesser la violence c’est de la crier, de la dévoiler, de renvoyer l’agresseur à ses actes, et de le laisser en répondre devant la justice. Je suis un tout petit bout de fille avec une voix qui porte et j’ai réussi à faire cesser pour dix minutes ce sale primate.  Alors mettons-nous a plusieurs et voyons ce que nous pouvons faire….

4 commentaires:

  1. Merci à toi et bravo pour tes actions.

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  2. onechroniqueshow19 juillet 2012 à 11:50

    je partage et je transmet à vivrefm la seule radio de France qui parle aussi de handicap !

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  3. Merci! Qui que vous soyez, et MERCI LIONEL!

    Même s'il me semble que Maudy Piot (la présidente d'FDFA )soit l'invitée occasionnelle de cette station de radio! C'est toi même qui m'a dit l'avoir rencontrée par ce biais.

    Je lui ferais également suivre cet article et te rappellera a son bon souvenir (même si elle est en vacances...)

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  4. On devrait lui couper le bras les jambes et tout ce qui dépasse pour pas qu'il recommence --'

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